dimanche 19 février 2012

La ville perçue : Kevin Lynch

L'expression est entendue : on parle de la morphologie de la ville. Mais cette morphologie, comment est-elle perçue? Quelle est sa signification pour ceux qui s'y promènent? Mais surtout, comment se composent nos représentations mentales de la ville?

Professeur de City-Planning au M.I.T., Kevin Lynch a publié en 1960 son ouvrage probablement le plus connu : The Image of the City. Associant ses savoirs en architecture et en psychologie à des enquêtes de terrain, Lynch tente de cerner rigoureusement les modes de fabrication de nos représentations mentales de la ville.

Pour cela, il catégorise 5 types d'éléments composant l'image mentale de la ville. Ces types ne sont pas attachés à la nature, ni à l’échelle des objets composant la ville mais sont au contraire construits à partir de la représentation des habitants et usagers de la ville. Pour nous aider à mieux les cerner, nous associerons ces types aux images du court-métrage de Evan Mather, qui adapte le livre de Lynch.



Cinq types, donc : parcours, limites, noeuds, districts et points de repères.

1. voies (paths) : rues, trottoirs, sentiers, et tous les canaux par lesquels les gens se déplacent.


2. limites (edges) : toutes les frontières perçues comme telles arrêtant la circulation, comme des murs, des bâtiments, des rives, mais aussi des autoroutes pour le piéton, des voix ferrées, etc.


3. quartiers (districts) : de plus ou moins large portions de la ville, distinguées par une certaine identité ou un certain caractère particulier.


4. noeuds (nodes) : tous les lieux stratégiques d'une ville, "points d'ancrages", intersections, points de jonction mais aussi foyer d'un quartier, endroit ou on change de système de transport, de structure.


5. points de repères (landmarks) : des objets facilement identifiables qui servent de points de référence externes : immeuble, enseigne, magasin, etc.


Lynch avance le concept de lisibilté. C'est la facilité avec laquelle nous reconnaissons les éléments du paysage, les décodons, les interprétons et les organisons en un schéma cohérent. La lisibilité de la ville est importante puisqu'elle permet l'orientation dans la ville, assurant ainsi la « sécurité émotive », et puisqu'elle fournit du sens, en permettant l'élaboration de symboles et de souvenirs collectifs.
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Mais Lynch ne se contente pas de poser des catégories comme outils analytiques, il revendique que la capacité à se forger une image forte, claire et partagée d'une ville devienne un critère d'urbanisme. C'est sa notion d'"imagibilité" ("imageability") :

« C’est, pour un objet physique, la qualité grâce à laquelle il a de grandes chances de provoquer une forte image chez n’importe quel observateur. C’est cette forme, cette couleur ou cette disposition, qui facilitent la création d’images mentales de l’environnement vivement identifiées, puissamment structurée et d’une grande utilité.»
Aussi la qualité de cette image de la ville dépend de trois critères : identité (individualité, unicité), structure (spatiale et paradigmatique) et signification (émotive ou pratique). Bien entendu, pour Lynch, si l'urbanisme peut interférer dans la transformation de l'image d'une ville, celle-ci dépend d'abord du comportement et des perceptions d'une multitude de personnes.

Alors, et Bruxelles dans tout ça?

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